France – Pont de la Reine Jeanne, Entrepierres, forêt domaniale du Vanson – 31 décembre 2019
Il est midi passé et le lieu est toujours à l’ombre, pour partie givré. C’est ici que, depuis bien des siècles, le pont de la Reine Jeanne traverse le Vanson*, l’un des affluents de la Durance. Achevé depuis le XIVe siècle**, ce pont vouté, enjambant la rivière en une seule arche, permet de se rendre depuis le hameau de Vilhosc à l’ancien village de Saint-Symphorien, aujourd’hui abandonné. Il était aussi très utilisé autrefois pour les transhumances vers les pâturages de la vallée du Dromon.
L’Histoire et la légende provençale s’entremêlent quant à l’origine de son nom. Pour certains, notamment les érudits locaux, la reine Jeanne est Jeanne Ire de Naples (1326-1382). Cette dernière aurait résidé quelque temps au château de Salignac, une commune voisine, où elle aurait donné naissance à un fils illégitime qu’elle aurait ensuite caché à Saint-Symphorien, en ayant pris le soin d’acheter le silence des villageois. Pour d’autres, il s’agirait de la bonne reine Jeanne de Laval (1433-1498), épouse du non moins bon roi René d’Anjou (1409-1480). Contrairement à Jeanne Ire de Naples, qui ne résida que quelques mois en Provence, la reine Jeanne et le roi Renée ont régné pendant deux décennies sur la Provence, marquant notamment la ville d’Aix-en-Provence.
Nonobstant, le pont, lui, est toujours là. Et, si son accès en voiture est interdit au public, le promeneur peut le franchir et apprécier au passage le dos d’âne que forme la route pavée qu’il supporte.
* Aussi désigné « Vançon ».
** Des sources documentaires datent le pont du XVe, voire du XVIe siècle. Il est pourtant bien répertorié dans certains ouvrages, dont celui de Raymond Collier, à partir du XIVe siècle.